Échos du passé et éco-narration : disruption linguistique et stylistique dans L’Île des Dieux de Prince L. Thiobiany

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Salif GUIBILA

Résumé

Cet article explore l’éco-narration comme une forme de réinvention stylistique et linguistique dans le contexte d’une Afrique confrontée à des bouleversements culturels et environnementaux. À travers l’étude du roman L’Île des Dieux (2018) de Thiobiany, il met en lumière la manière dont la langue et la narration deviennent des outils de résistance face à l’ordre colonial et à la rationalité occidentale. L’auteur dévoile comment la nature, personnifiée et porteuse d’une agentivité autonome, intervient activement dans le processus de justice cosmique, en défiant les représentations dominantes du monde. L’oeuvre, par son langage hybride et la stratification de ses voix, propose un acte de résistance linguistique : l’intraduisibilité des chants et proverbes traduit une subversion des structures coloniales. De plus, l’usage des masques et des symboles animaliers dans le texte métamorphose le récit en un
espace de ré-enchantement, où la nature et le spirituel se mêlent pour donner un sens radicalement différent à la réalité. La narration elle même devient performative, rompant avec la linéarité et l’objectivité de la narration coloniale, pour engager une éthique du récit qui envisage un avenir réinventé, fondé sur la réclamation des mémoires oubliées. L’éco-narration s’affirme ainsi comme un acte politique et poétique de reconquête et de réancrage, où chaque élément naturel et culturel devient une voix porteuse de sens et d’espoir. 

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